Décarbonation de l'économie : un effort de +10 à +13% d'investissement annuel pour les entreprises
Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les différents plans gouvernementaux ne suffisent pas. Que ce soit le plan France Relance ou France 2030, le Medef plaide pour des efforts de 60 à 80 milliards d'euros d'investissements annuels supplémentaires répartis entre les ménages et les entreprises d'ici à 2030.
"Le Medef veut porter le sujet de la décarbonation de l'économie. C'est le bon moment pour dévoiler l'étude sur le coût de la décarbonation de l'économie, juste avant la nomination du premier ministre qui portera la responsabilité de la transition écologique", explique Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef ce lundi 16 mai à l'occasion de la publication du rapport de l'Institut d'études économiques Rexecode.
Pour une planification écologique plus forte
Si l'Hexagone est "peu émetteur de CO2, avec une baisse de 2,5% des émissions par an", selon le président du Medef, les efforts fournis ne devraient néanmoins pas permettre d'atteindre la neutralité carbone désirée en 2050. Pour y parvenir, il faut "investir au-delà des investissements courants" et accélérer la décarbonation (changer les parcs de véhicules et des bâtiments, transformer le système énergétique, ...). L'étude publiée par le Pôle Energie Climat de Rexecode détaille les investissements à réaliser dans 7 secteurs comme les bâitments, le transport routier, la production d'énergie ou encore le traitement des déchets. Une étude qui concerne aussi bien les ménages que les entreprises.
60 à 80 milliards d'euros d'investissements annuels supplémentaires
Actuellement, l'investissement total en France est d'environ 350 milliards d'euros pour les entreprises. Selon l'étude, la décarbonation de l'économie nécessite d'augmenter les investissements dès que possible pour arriver entre 2,1 et 2,9 points de PIB en 2030, soit de 58 à 80 milliards par an. Cela représente pour les entreprises un effort de +10 à +13% d'investissement annuel (soit entre 31 et 43 milliards d'euros par an sur un flux actuel de 320 milliards.) Des investissements qui devraient principalement porter sur les véhicules utilitaires, le transport routier des marchandises, les bâtiments tertiaires, la production d'électricité (nucléaire, ...) et l'industrie.
Pour une baisse des impôts de production
Les dispositifs France Relance et France 2030 qui prévoient des financements de décarbonation ne semblent pas suffisants selon le Medef. Pour trouver ces 30 à 40 milliards d'euros annuels supplémentaires pour les entreprises, l'organisation suggère de baisser de 35 milliards d'euros par an les impôts de production d'ici la fin du quinquennat. Or, le programme présidentiel prévoit actuellement seulement de baisser la CVAE. Il s'agirait aussi de créer un crédit d'impôt ou un autre outil fiscal pour les entreprises, notamment les PME qui réalisent des investissements d'efficacité énergétique. "Et aujourd'hui, si l'augmentation des salaires est en moyenne de 3 à 3,5%, certes en-deça de l'inflation, la demande des entreprises ne porte pas sur la question des salaires mais davantage sur le coût pour se rendre au travail avec par exemple un chèque essence défiscalisé", souligne le président du Medef.
Mais ces démarches doivent s'effectuer en cohérence avec le reste des pays de l'UE et du monde car la structure des émissions n'est pas la même (exemple : l'industrie représente 25% du PIB en Allemagne et seulement 11% en France, ... ) de même que les objectifs sectoriels.