Le Daf de start-up, esquisse du futur CFO?
Publié par Bénédicte Gouttebroze le - mis à jour à
Agiles, disruptives, ambitieuses, les entreprises labellisées start-up sont sans doute celles qui ont un temps d'avance dans le recrutement de la fonction finance. Plongée dans la data pour mieux connaître ce curieux spécimen... plein d'avenir: le Daf de start-up!
À jeune entreprise, jeune Daf? C'est la première tendance qui ressort des données récoltées par notre partenaire Nomination, spécialiste de la veille et de l'information B to B, sur les Daf des jeunes entreprises de croissance. En effet, alors que l'âge moyen des Daf (toutes catégories d'entreprises confondues) est de 47 ans, avec 72% de plus de 45 ans, dans les jeunes entreprises, la moyenne est de 43 ans. Une différence assez faible, certes, mais si l'on se penche sur la répartition par tranche d'âge, près de la moitié de ces Daf (48,9 %) ont moins de 39 ans, alors qu'ils sont moins de 11 % à appartenir à cette tranche d'âge dans l'ensemble des entreprises.
Les données présentées dans cet article sont extraites de la base de données de Nomination, qui a recueilli les informations concernant les représentants de la fonction finance dans les jeunes entreprises de moins de huit ans à fort potentiel, ayant généralement effectué au moins une première levée de fonds. Panel de 285 sociétés.
Dans cet article, le terme "start-up" est donc employé pour désigner une entreprise de moins de huit ans à fort potentiel (les start-up au sens strict - moins de deux ans - ne disposant que très rarement d'une fonction finance structurée).
Autre caractéristique de la fonction finance dans ces jeunes entreprises: les femmes s'imposent, avec 32% de représentantes, contre 19% en moyenne pour l'ensemble des Daf en 2016.
Des profils jeunes, mais qui montrent patte blanche!
Si les start-up se tournent souvent vers de jeunes Daf, elles n'en cherchent pas moins des profils assez classiques. Côté formation, les grandes écoles sont surreprésentées: la moitié des financiers du panel start-up sont issus d'HEC, Neoma Business School, de l'Essec, Centrale ou encore de l'EM Lyon.
Cependant, l'autre moitié du panel dispose de formations très variées. Si certaines restent courantes dans le monde de la finance d'entreprise (Paris-Dauphine, Sciences Po, Institut européen des affaires), d'autres sont assez éloignées des problématiques comptables : Supélec, AgroParisTech, Télécom ParisTech... Des profils disposant d'une connaissance sectorielle utile dans des start-up qui se construisent bien souvent autour d'une idée précise. Les secteurs d'activité de ces structures sont extrêmement variés, et si l'édition de logiciels (17% des start-up disposant d'une fonction finance) et la santé (12%) sont les plus représentés, aucune majorité ne se dégage et le spectre des activités est large: conseil, chimie, électronique, activités financières, loisirs...
Des profils éloignés des problématiques comptables: Supélec, AgroParisTech, Télécom ParisTech...
Exit le cabinet d'audit!
Niveau expérience professionnelle, le CV du Daf de start-up se distingue par une absence: le passage par les cabinets d'audit, incontournable en début de carrière il y a une vingtaine d'années. Parmi les Daf de start-up de notre panel, seuls 0,7 % ont connu cette expérience.
Notons, cependant, que les start-up ayant internalisé une fonction finance comptent, pour près des deux tiers (62,5 %), plus de dix salariés, même si le chiffre d'affaires reste très majoritairement inférieur à 10 millions d'euros.
Ainsi, la fonction finance est créée avant tout pour sécuriser la croissance de l'entreprise, que ce soit après une levée de fonds ou pour accompagner la croissance de la masse salariale. Dès lors, même si le cabinet d'audit n'est plus indispensable, les candidats qui se sont formés au sein des grands comptes, et sont donc à même d'apporter une vision structurée pour monter de toutes pièces une direction financière, sont particulièrement adaptés pour ces jeunes entreprises.