Dessine-moi un Daf en 2020: épisode 2
Publié par Yousra Senhaji le | Mis à jour le
Pour Rémi Carnimolla, managing director pour la France et l'Espagne de 3i, société d'investissement cotée à la Bourse de Londres, le Daf en 2020 doit continuer sur sa lancée et être un business partner avant d'être un bon technicien.
Funambule, mouton à cinq pattes ou chef d'orchestre ? Contre-pouvoir ou expert? La rédaction de daf-mag.fr a demandé à cinq acteurs de l'écosystème des directeurs administratifs et financiers de se prêter au jeu d'esquisser la fonction à l'horizon 2020. Voici le point de vue de Rémi Carnimolla, managing director pour la France et l'Espagne de 3i, société d'investissement cotée à la Bourse de Londres.
Un business partner avant d'être un bon technicien
"Le Daf idéal est d'abord un business partner avant d'être un bon technicien. En ce sens, il détient la même compréhension du business et des enjeux stratégiques de l'entreprise que le p-dg, mais avec une approche de maîtrise des risques complémentaire du focus développement du dirigeant. Cette complémentarité est très liée à la maturité du dirigeant d'entreprise, encore parfois réticent à s'entourer d'un cadre à sa mesure et à partager l'information et le pouvoir.
Qu'est-ce qui a changé ces dernières années ? L'aspect compliance s'est considérablement enrichi et le financement s'est beaucoup complexifié avec des offres alternatives concurrençant le bon vieux prêt bancaire. Entre les placements privés, le financement sur les marchés ou les différentes offres de dette mezzanine et unitranche, la technicité demandée aux Daf est nettement supérieure à celle d'il y a dix ans. L'internationalisation des PME implique aussi une montée en compétences des directions financières et une meilleure appréhension des problématiques de change avec l'accroissement de la volatilité des monnaies. Enfin, l'importance des nouvelles technologies dans la vie des entreprises nécessite une maîtrise de l'informatique et du big data. Sans pour autant télescoper les compétences d'un DSI, un Daf doit être à même de canaliser l'exploitation des quantités astronomiques d'informations drainées par les flux entrants et sortants de l'entreprise.
Pour une entreprise sous LBO, le directeur financier doit bien sûr maîtriser la complexité des financements structurés et intégrer l'exigence de reporting de ses actionnaires financiers. Mais beaucoup de PME familiales performantes convergent aujourd'hui vers le même type de gestion et les mêmes structures d'endettement, la différence avec une entreprise sous LBO n'est plus tellement significative. Le changement d'univers pour un Daf se fait plus sensiblement sentir quand il passe d'une filiale de grand groupe -où une partie de son rôle est assurée par des fonctions centrales- à une ETI -où son champ de compétence est total et prend une nouvelle dimension-".