« Adapter la comptabilité des organisations à la réalité du monde dans lequel elles vivent »
Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le
Petit avant-goût des échanges qui auront lieu lors de Finance Revolution, Aurélien Oosterlinck, coordinateur de la chaire Comptabilité Ecologique, qui intervient sur la table ronde dédiée au pilotage de l'extra-financier, nous explique en 4 enjeux pourquoi la prise en compte de la performance extra-financière est vitale pour nos entreprises.
>Pourquoi est-il nécessaire de prendre en compte la performance extra-financière au même titre que la performance financière ?
Il existe plusieurs enjeux liés au fait de repenser la mesure de la performance de l'entreprise. La première voie d'entrée est écologique et sociale : quand on observe l'état du monde, il y a en effet un réel décalage entre les indicateurs de santé environnementale, sociale ou humaine et les indicateurs de performance des entreprises. Ainsi des entreprises qui se portent bien au regard des indicateurs de performance peuvent avoir de nombreux salariés en burn-out ou des émissions de GES élevées. Du point de vue de la société, il y a donc des choses à revoir.
Le deuxième enjeu concerne l'entreprise en elle-même : ce n'est pas rendre service à l'entreprise d'avoir une performance qui ne regarde que ce qui se passe d'un point de vue financier. En effet, en ne regardant qu'un bout du tableau, l'entreprise n'a pas une image fidèle de ses activités et risque de tomber dans un trou qu'elle n'a pas vu venir parce qu'il était caché. L'entreprise a toujours intérêt à avoir une image la plus fidèle possible de ses activités, une vue claire de la réalité, pour faire des choix éclairés.
>Quels sont les autres enjeux liés à la mesure de la performance extra-financière ?
Le troisième point est l'aspect réglementaire : la réglementation évolue assez vite et on demande de plus en plus aux entreprises de rendre un certain nombre de comptes. Et il paraît évident que l'évolution de la réglementation va continuer sur cette lancée. Les entreprises devraient donc dès maintenant anticiper ces changements, avant qu'ils ne deviennent obligatoires, et mettre en place des outils de mesure de leur performance environnementale et sociale.
Enfin, certaines entreprises font des efforts pour préserver l'environnement mais elles n'en sont nullement récompensées car la comptabilité n'enregistre pas les interactions avec la nature. Ces efforts représentent finalement un coût supplémentaire au niveau financier avec un "bénéfice écologique" qui n'apparaît nulle part. Etendre le bilan comptable aux capitaux naturels permettrait de rendre justice aux acteurs de la transition et de rétablir un contrat de confiance avec des consommateurs qui regardent plus la performance écologique - qui leur parle de leur santé et de leur cadre de vie - que la performance financière.