Les données extra-financières comme accélérateur de la transformation des entreprises
Publié par Maxime Parsigneau, consultant presales chez Board International le - mis à jour à
Le plan législatif et les récents rapports alarmistes sur l'état de la planète poussent les entreprises à communiquer davantage sur leurs données extra-financières. La stratégie globale des entreprises doit suivre ce mouvement et faire évoluer les métiers notamment celui de la finance.
Alors que la crise du covid a remis l'humain au centre des préoccupations et que le rapport du GIEC 2022 a provoqué un coup de tonnerre sur l'urgence climatique, la place de la RSE au sein des entreprises n'est plus discutable.
Si les grands groupes sont soumis à la directive 2014/95/UE depuis 2017 et doivent fournir une Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF), les plus petites entreprises devront également s'y mettre dès 2024, à la suite de la nouvelle directive « Corporate Sustainability Reporting Directive » (dite CSRD) mise en place par la Commission européenne.
Certaines entreprises sont déjà sur la bonne voie et n'ont pas attendu les nouvelles directives pour évoluer dans le bon sens, mais cela implique de revoir l'organisation interne et le rôle des nouveaux directeurs RSE et des directeurs financiers, en première ligne sur ce sujet.
Données extra-financières, l'or noir des entreprises
Depuis les années 90, les questions liées au développement durable se sont progressivement immiscées au sein des entreprises, d'abord focalisées sur le facteur humain (rapport homme/femme). C'est la législation qui a finalement obligé les entreprises à mieux rendre compte de leur engagement dans la RSE.
Aujourd'hui, les données extra-financières ont une place importante dans l'organisation des entreprises et sont de plus en plus prises en compte. De nombreuses entreprises, qu'elles soient obligées par la loi ou non, s'engagent à fournir des rapports pour montrer une image plus éthique auprès de leurs parties prenantes et de leurs clients ou par réelle conviction de contribuer à une économie plus juste et à un environnement plus sain.
Les données extra-financières vont alors permettre de dresser un bilan des actions déployées pour couvrir les questions sociétales, environnementales, sociales et de gouvernance liées aux activités de l'entreprise. Pour ce faire, les entreprises vont chercher la donnée auprès des fournisseurs, des collaborateurs ou encore des actionnaires en passant par les mêmes canaux de remontée d'informations que pour les données financières, c'est-à-dire, des formulaires à compléter pour les collaborateurs ou les clients ou encore des rapports incluant des indicateurs RSE pour chaque métier.
Le plus important est de s'assurer de la qualité des données et que ces dernières répondent aux exigences de la réglementation. En effet, 80% des données récoltées ne sont pas utilisées ou exploitables car de mauvaise qualité. C'est donc toute la phase préparatoire qui doit permettre d'éviter cela.
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La fonction finance au coeur de cette transformation
Le contrôleur de gestion est le premier acteur à être impliqué dans ce traitement et analyse des données extra-financières, une tâche qui peut être assez complexe et fastidieuse sans l'existence d'un département RSE ou d'une personne en charge de ce sujet. En effet, s'il est de plus en plus demandé à la fonction finance de porter cette nouvelle casquette, elle n'est à ce jour pas encore assez impliquée dans les questions RSE pour que le traitement de ces nouvelles données soit clair et rapide.
Ces données utiles au reporting extra-financier demandent encore trop d'efforts au contrôleur de gestion pour aller les chercher, alors qu'il est possible de faciliter cette remontée d'information. Dans certains groupes déjà très matures sur ces questions, la création d'un département RSE rattaché au conseil d'administration facilite cette tâche pour le contrôleur de gestion. Pour que cette nouvelle cohabitation se passe au mieux, la fonction RSE peut être construite sur le même principe que les transformations du département Finance faites ces dernières années notamment sur leur digitalisation.
A condition aussi de casser les silos, c'est-à-dire de décloisonner en mettant en place une communication fluide, créer un objectif et une vision commune entre ces deux départements. Il est également crucial que d'autres départements de l'entreprise s'impliquent dans ces sujets RSE comme le marketing ou encore la R&D, qui ont beaucoup de données entrantes par exemple sur l'éco-conception ou bien la mise en place de bornes électriques pour les salariés et leur utilisation.
Cela peut notamment passer par un agencement différent dans l'entreprise en rapprochant les bureaux de façon à faciliter et fluidifier la communication en présentiel ou avoir de bons outils de collaboration à distance pour les journées de télétravail. Mais également à travers des formations, des ateliers et des team buildings pour créer des équipes multidisciplinaires et soudées. Renforcer la communication entre les équipes de différents départements leur permettra de comprendre les problématiques et besoins de chacun mais également leur rôle crucial dans la récolte des données extra-financières.
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L'objectif est d'être en mesure de fournir des chiffres pour pouvoir quantifier et répondre aux enjeux actuels. Qu'elle soit le principal acteur, de par son expertise et sa compréhension des données, ou en binôme avec le département RSE, la fonction finance est au coeur de cette transformation car elle centralise et possède toutes les données de l'entreprise avec une très bonne connaissance des KPIs opérationnels des autres métiers et projets.
Selon l' Enquête Electorale 2022 d'Ipsos et Sopra Steria, l'environnement et le bien-être humain sont des préoccupations croissantes en France. Les entreprises qui ne pensaient à la RSE que pour l'aspect financier, se verront de plus en plus l'impliquer dans toutes les décisions stratégiques futures. Cela passera notamment par une conduite du changement qui pourra prendre du temps, généralement entre 34 à 36 mois. Et alors que deux tiers des projets de transformation échouent par manque d'accompagnement opérationnels dans la durée, les entreprises doivent dès aujourd'hui faire évoluer la culture de l'entreprise en impliquant à la fois les sphères dirigeantes et les personnes sur le terrain. Des entreprises plus transparentes sur ces données RSE attireront de nouveaux talents mais aussi de nouveaux investisseurs. Ces derniers, portant de plus en plus d'attention à ces données, refusent d'ailleurs de plus en plus d'investir dans les entreprises qui n'ont pas de réelle stratégie RSE, à l'image de La Banque Postale. C'est donc tout l'écosystème qui doit aller dans ce sens et faire évoluer la société positivement.
Pour en savoir plus
Consultant avant-vente chez Board France, Maxime Parsigneau aide la direction financière à mettre en place des outils plus collaboratifs et efficients.