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[Tribune] Pourquoi la finance et la RSE doivent enfin travailler ensemble

Publié par Olivier Chevreau, Associé EY le | Mis à jour le

La finance s'occupait des chiffres, la RSE des engagements sociaux et environnementaux. Mais ce monde siloté disparaît : leur collaboration est désormais indispensable.

Pendant longtemps, la direction financière et la direction RSE évoluaient chacune de leur côté. La première s'occupait des chiffres, des bilans, et des prévisions. Tandis que la seconde sensibilisait les équipes aux enjeux sociaux, environnementaux, et essayait de faire bouger les choses. Les financiers n'y comprenaient pas grand-chose en matière de RSE, et les équipes RSE n'étaient pas vraiment au courant des réalités financières. Mais ce temps est révolu. Aujourd'hui, on parle de convergence.

La convergence des objectifs financiers et RSE

La direction financière a l'habitude de fixer des objectifs ambitieux sur plusieurs années, souvent appelés "guidance". Le problème, c'est que les trajectoires de décarbonation imposées par les Accords de Paris compliquent sérieusement les choses. Désormais, avant de définir une croissance spectaculaire, il faut vérifier la cohérence avec les objectifs de décarbonation. Sinon, gare à la casse.

Du côté de la RSE, c'était pareil : les équipes fixaient des objectifs de durabilité, amélioraient la diversité, la sécurité, et poussaient les entreprises à faire mieux. Mais là encore, partir tête baissée sans s'assurer que le groupe a les moyens de suivre, d'assumer cet objectif RSE, c'est risqué. Il est donc temps de se serrer les coudes et de réfléchir ensemble.

Pourquoi cette collaboration est-elle cruciale?

Il est évident que ces deux mondes doivent apprendre à travailler main dans la main. S'ils ne le font pas, l'entreprise se retrouve avec des objectifs qui ne tiennent pas la route, et le greenwashing est assuré. Les employés, les ONG ou d'autres parties prenantes seront là pour l'identifier et le dénoncer. Entre reporting, arbitrages et performance, cette collaboration est une nécessité.

Des bénéfices à tous les étages

Mais cette nouvelle collaboration ne doit pas s'arrêter là. Voici quelques autres raisons pour lesquelles la finance et la RSE doivent continuer à avancer ensemble :

Priorisation des engagements

Les financiers, eux, savent quels leviers actionner pour rendre l'entreprise rentable et pérenne. Ils peuvent donc aider la RSE à prioriser les engagements sociaux et environnementaux, tout en s'assurant qu'ils sont cohérents avec le modèle d'affaires.

Identifier des opportunités

Les équipes RSE, en contact permanent avec les parties prenantes, peuvent identifier les sujets environnementaux ou sociaux posant problèmes, permettant ainsi à la direction générale et à la direction financière d'améliorer la gestion et les offres.

Cohérence des données

Travailler ensemble permet d'atteindre une plus grande cohérence entre les impacts financiers des enjeux RSE et les évaluations de matérialité dans les rapports DPEF et CSRD.

Des données fiables

Élaborer des processus de production de données RSE avec un contrôle interne aussi rigoureux que celui des données financières.

Des outils bien huilés

Les outils informatiques utilisés pour collecter et piloter les données RSE peuvent reprendre l'architecture, la structure et les processus des outils utilisés par la finance. C'est un soutien indispensable à la qualité et à la fiabilité des données RSE.

Arbitrer les injonctions contradictoires

La finance et la RSE, ensemble, peuvent définir des règles claires pour arbitrer entre rentabilité et responsabilité. C'est la clé pour tenir les engagements du groupe sans se perdre en route.

Une opportunité à saisir pour les entreprises

En bref, la finance et la RSE ont tout intérêt à avancer main dans la main. Pour piloter la performance, éviter les incohérences et assurer une croissance durable, cette collaboration est bien plus qu'une simple tendance, c'est une nécessité. Les entreprises qui saisiront cette opportunité en sortiront gagnantes, et pas seulement sur le plan financier.

L'auteur :

Olivier Chevreau, Associé EY a la double compétence financière et ESG. Il est en charge des activités de conseil en performance durable.




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