[Chronique Techno] Episode 1 : Que retenir de la blockchain ?
Publié par Michael Sigda, le - mis à jour à
Outil complexe, voire mystérieux pour certains, la blockchain est présentée comme la technologie d'échange de demain avec de nombreux débouchés pour la sphère financière au sens large. Mais comment fonctionne-t-elle et que faut-il retenir de cette technologie ?
En réalité, il vaut mieux ne pas trop en savoir...vous n'essayez pas de comprendre le fonctionnement de l'avion avant de monter dedans, faites-en de même avec la blockchain. C'est un outil complexe mais avec des applicatifs très simples et surtout très pratiques. Voilà de mon point de vue ce que l'on doit en retenir :
Premièrement, pas d'amalgame entre bitcoin, cryptomonnaies et blockchain, même si ces trois sujets sont liés.
Tout d'abord, définissons une cryptomonnaie. C'est une monnaie alternative, non adossée à un état. La première inventée et la plus connue est le bitcoin. Le principe des cryptomonnaies est d'être gérées sur un " livre comptable virtuel " qui est la " blockchain ". Ce livre est ouvert et public ; les identités numériques des émetteurs et des receveurs ainsi que les montants sont publiques. On est donc bien loin d'un mécanisme caché, occulte. C'est au contraire ouvert et le nom est finalement mal choisi (crypto fait allusion à " caché " alors que cela veut dire que cela fonctionne sur le mécanisme de la cryptographie).
La blockchain est une infrastructure informatique, un ensemble de gigantesques réseaux sur lequel transitent des informations. Sur ce réseau sont hébergées des données (en fait des transactions, c'est-à-dire la preuve que Pierre a envoyé quelque chose à Paul). La différence avec ce qu'on connaît réside dans le fait que ce réseau n'appartient à personne (il est décentralisé), il est hébergé dans des milliers d'endroits à la fois, chez des particuliers (on les appelle des noeuds). Ensuite, ce réseau est constitué de blocs d'information enchâssés les uns dans les autres (" block " " chain "). Donc on ne peut réécrire ou falsifier un bloc sans déranger le précédent enregistrement de même qu'on ne peut pas violer l'infrastructure car cela reviendrait à violer la majorité des postes individuels.
On découvre ainsi de manière extrêmement sommaire les premiers avantages de la blockchain : pas d'organe de gouvernance unique ou centralisé, falsifiabilité impossible, preuve d'une " transaction " sans certificateur désigné.
Une transaction sûre à tous points de vue
Sachant qu'on détaillera dans un prochain épisode un cas d'usage dans une transaction immobilière, j'emploie avec parcimonie le terme " transaction " mais en langage informatique il s'agit d'un échange de " valeur " (cryptomonnaie, information, dollar, action d'entreprise, un kilowatt d'énergie, ou même un certificat de propriété ...) entre deux parties. L'information est visible, vue que la blockchain est " publique ". C'est à la fois vrai et faux. En effet, il existe des blockchains publiques (accessibles à tous) et privées (accessibles seulement à des membres autorisés).
Une blockchain publique est en effet accessible à tous. Cependant l'information qui est hébergée n'est pas compréhensible. Il s'agit de transactions qui sont encryptées entre parties. On dit qu'elles sont " hashées ". Le " hash " est une fonction mathématique qui permet, quel que soit la donnée d'entrée (un bail, un exemplaire des Misérables de Hugo ou une photo de votre chien) de l'encoder en une suite de caractères du type : 4893f34c12b469659232ab43dd1df337dd6b4509d8ff3ec5c5).
Une des caractéristiques de ce hash est qu'il est sans équivoque : si vous passez 10 fois les Misérables dans l'algorithme, vous obtiendrez 10 fois le même hash. En revanche si vous en modifiez une seule virgule, le hash sera complètement différent.
On découvre donc ici un autre bénéfice de la blockchain. Tous les documents / informations échangés (les fameuses " transactions ") sont encryptées et c'est cette empreinte numérique qui est hébergée dans la blockchain. C'est donc une preuve d'une " transaction " et non la transaction (c'est le " hash " d'un document et non le document qui transite) qui est logée sur la blockchain. Donc aucun risque de non-confidentialité, vos documents restent dans votre ordinateur...
Au-delà de cette description, déjà sommes toutes assez détaillée, nous évoquerons dans les chroniques à venir des applications très pratiques. La suite au prochain épisode donc.
Michael Sigda est spécialiste de la data immobilière. Il a notamment passé 14 ans au sein de Bureau Veritas avant d'intégrer une SSII et d'oeuvrer au sein de HSB Research. Il a également co-fondé plusieurs start-up dont Olarchy, spécialisée dans la digitalisation des processus immobiliers sur blockchain. Passionné de prospective, de nouvelles technologies et d'environnement, il a aussi co-fondé le think tank "WorkToo".