Maturité digitale : où en sont les Daf ?
Publié par Daf-Mag - Le mois du reporting le | Mis à jour le
Si la gestion de trésorerie a été cruciale pendant la crise, sa digitalisation semble encore peu priorisée par les directions financières. C'est ce que révèle une étude sur la maturité digitale des Daf publiée début mai par le réseau d'audit conseil RSM avec la DFCG.
La digitalisation de la trésorerie est souvent présentée comme une priorité pour optimiser sa gestion face à la crise. Les résultats d'une étude sur la maturité et le rôle de la direction financière dans la transformation numérique des entreprises montrent une tendance inverse dans les PME et les ETI. " A l'inverse de ce que nous aurions pu attendre, seulement 8 % des répondants ont un projet de digitalisation du processus de trésorerie et 7 % du processus budgétaire en 2021 ", rapporte Amaury de la Bouillerie, associé en charge de l'activité conseil de RSM en France, à l'origine de l'étude publiée mercredi 5 mai 2021 avec la DFCG. Autres enseignements : 59 % des répondants gèrent encore leur trésorerie de manière manuelle et 50 % leur budget sous Excel. Près des trois quarts des Daf sondés utilisent des ERP, dont 20 % uniquement en mode SaaS. " Nous pensions que cette part était plus importante dans la population des PME et des ETI. La maîtrise de sécurité des données représente probablement un frein ", estime Amaury de la Bouillerie.
Autre chiffre qui peut surprendre : les projets s'appuyant sur l'Intelligence artificielle (IA) ou sur la robotisation (RPA pour robotic process automation), une technologie permettant d'automatiser des tâches répétitives, sont très peu inscrits à l'ordre du jour des ETI-PME pour 2021 (seuls 2 % des projets soit pour l'IA soit pour la RPA). " Ce sont des chiffres que l'on voyait dans les groupes il y a trois ans. Les petites et moyennes entreprises ainsi que les grandes vont y aller un peu plus lentement car ce n'est pas aussi simple et aussi peu cher qu'on ne le croit ", ajoute Amaury de la Bouillerie.
Des Daf producteurs plutôt que scientist
De cet état des lieux du niveau de digitalisation des PME-ETI, il ressort 3 profils de maturité chez les directeurs administratifs et financiers.
Le Daf producteur (47 % des répondants se situe dans ce profil) en premier lieu qui produit la donnée financière, et qui ne se concentre donc pas sur une analyse et une valorisation des données. Seuls quelques processus de l'entreprise (3 sur 11) sont digitalisés, tels que les process client, fournisseur ou comptable. L'objectif de la digitalisation, encore très peu intégrée, est d'automatiser et de limiter les saisies manuelles. " Les Daf doivent garder en tête l'évolution règlementaire du processus achats et la dématérialisation de la facture électronique sur le portail Chorus. L'Etat s'attèle à ce que le privé se mette en ordre de marche entre 2023 et 2025. L'enjeu des directions financières est d'être en capacité de réceptionner ce type de facture électronique à cette échéance ", Mathilde Jounot, consultante P2P au sein de RSM.
Deuxième profil : le Daf architecte, qui concerne 45 % des répondants, structure la donnée collectée. La majorité des processus de l'entreprise (6 sur 11) est digitalisée et la donnée commence à être traitée par des outils de business intelligence (BI). " L'objectif de la business intelligence est de raccourcir les délais de décisions avec des données vérifiées. Elle permet d'être efficace sur le contrôle interne car elle met en avant des données parfois erronées, qui ne fonctionnent pas bien. La mise à jour, le "nettoyage" et la qualité des informations financières sont des enjeux clés. Il faut par ailleurs réussir cette transformation avec les équipes et s'assurer que personne ne se sente dépossédé de ces travaux réguliers, car les salariés passent d'un travail de producteur à analyste ", explique Vincent Jeanneau, associé au sein du réseau RSM.
Le Daf scientist enfin, qui implique 8 % des répondants seulement, pilote par la data. Neuf processus sur 11 sont digitalisés et le recours au traitement de la donnée via des outils de BI est démocratisé sur l'ensemble des processus. Le directeur administratif et financier s'oriente vers des outils de RPA et d'IA pour travailler sur l'analyse et ne passe plus de temps sur la fiabilité des données. La digitalisation ne concerne d'ailleurs plus uniquement la fonction finance, mais tous les services de l'entreprise. Le rapprochement des compétences entre les services informatiques et les services financiers semble clairement un facteur clé de succès.
* Méthodologie : enquête menée du 16 février au 22 mars auprès de 183 répondants (DAF, RAF, DG) d'ETI et PME issus de divers secteurs d'activités et présents sur l'ensemble du territoire